PROJECTOR
Depuis sa formation en 2018, le groupe de Brighton creuse le sillon d’un post-punk frénétique et n’hésite pas à donner la priorité à l’ampleur sonore et à une attitude expérimentale à l’égard de la pop. Le premier album de Projector, « Now When We Talk It’s Violence”, fait le pont entre des expérimentations arty, l’agressivité du punk. Tantôt versé dans le brutalisme sombre et industriel de Joy Division ou dans une pop libre et brillamment composée, non sans rappeler Interpol ou The Organ, l’album empile des climax qui chancellent, véritable écrin pour les voix entrelacées de Lucy Sheehan et Edward Ensbury. > Lire la suite
ROBERT FINLEY
À 69 ans, Robert Finley revient plus en forme que jamais avec Black Bayou, son troisième album pour le label Easy Eye Sound. Toujours épaulé par Dan Auerbach à la production – ici accompagné de Patrick Carney (The Black Keys) et de G. Love à la batterie – Finley déploie sa voix rocailleuse et flamboyante sur un disque habité par les marais de Louisiane, entre blues rugueux, soul moite et funk brut. Entouré de musicien·es d’exception, et même rejoint par sa fille et sa petite-fille aux chœurs, le chanteur livre un album profondément ancré dans ses racines, nourri de récits de jeunesse, de souvenirs de voyage et de légendes locales. On y croise des amours portuaires, des alligators, des grooves épais et une âme indomptable. Finley, devenu star tardive après avoir perdu la vue et percé dans la soixantaine grâce à America's Got Talent et à ses albums précédents (Goin' Platinum!, Sharecropper’s Son), incarne ici plus que jamais la figure du bluesman authentique. Black Bayou sonne comme une célébration : celle d’un homme qui a traversé les tempêtes et en ressort incandescent. > Lire la suite
HEAVE BLOOD & DIE
Les pays scandinaves ont une forte propension à produire des projets fascinants tant en pop, folk et évidemment en musiques extrêmes, metal, hardcore et consort. Cette nouvelle claque s’appelle HEAVE BLOOD AND DIE et vient du nord de la Norvège, au-delà du cercle polaire arctique. Ces jeunes filles et garçons s’étaient déjà exercé·es avec élégance à un doom stoner martial et puissant, sur leurs premiers albums dont Post People, sorti en 2021, qui fut nommé aux Spellemannprisen (Grammy Awards norvégiens) au titre de meilleur album. Début 2024, sort Burn Out Code, urgent, désespéré et magistral, ce nouvel album traverse des paysages sonores multiples, explorant toujours une certaine noirceur, en puisant dans une matière sonore puissante, orchestrale, servie par une production irréprochable et la signature quasi tubesque des claviers de Marie Sofie Mikkelsens. Post metal, post shoegaze, post rock et même cold wave, cette jeune formation réussit aujourd’hui à incarner un son unique, rendant hommage à ses influences complexes avec une maturité et une modernité déconcertante. > Lire la suite
DEKI ALEM
Avec une énergie et un dynamisme incomparable, Deki Alem est un groupe sans frontières, impossible à mettre dans une seule case. Créant sans cesse de nouveaux ponts dans la musique moderne, le duo de frères jumeaux est pour ainsi dire multi-visages. Avec une pureté et une masculinité sensible, Deki Alem mélangent les sous-genres tels que la drum & bass, la dance le grunge et le rap de manière harmonieuse. Après avoir sorti deux clips pour “Razor” et “Wet Paint”, le duo a sorti le single “Act Nice” suivi de son premier EP “Among Heads” le 1er avril et produit par LIOHN et Klahr (Lady Gaga, Bree Runway, Swedish House Mafia). > Lire la suite
ENOLA GAY
Avec un nom pareil, l’Enola Gay est l’avion bombardier américain qui a lâché la première bombe atomique sur Hiroshima le 6 août 1945, il n’est pas étonnant que ces irlandais jouent du punk-rock explosif qui a toute sa place au salon de l’indu(strie) plutôt qu’à celui du développement durable. Tout en tension et en urgence, les hurlements aux influences parfois hip hop du chanteur soutenu par des guitares surpuissantes, des basses hautes et une batterie costaude se foutent de l’empreinte carbone comme de leur dernière facture d’électricité en pleine crise énergétique. Ça joue vite, ça joue fort, ça déménage violemment. Formé à Belfast en 2019 par Fionn Relly (Voix), Joe Mc Veigh (Guitare), Adam Cooper (Basse) et Andy Mullan (Batterie), Enola Gay a déjà créé l’effervescence de l’autre côté de la manche avec seulement un single et à peine une dizaine de concerts à son actif. La chanson « Birth of a nation », charge anti-raciste écrite dans la grande tradition du protest song britannique, est née suite au meurtre de George Floyd par des policiers de Minneapolis en mai 2020. La critique évoque le mariage polygame « d’Aphex Twin et Fontaines DC avec Idles et Gilla Band », auxquels on pourrait rajouter Sultan of Ping FC, super groupe de post-punk irlandais de la fin des années 80 qui lui aussi ne faisait pas dans la dentelle. Fin 2021, le groupe a sorti son premier EP « Gransha » et a entamé une tournée de 32 dates en Grande Bretagne. Mais l’emballement autour d’Enola Gay n’émane pas uniquement de la presse. Iggy Pop a déjà écouté et approuvé. Jenny Beth, la chanteuse française de Savage, qui s’y connaît en rock sauvage primaire, a également validé. Enola Gay est le groupe à marquer à la culotte en 2023. > Lire la suite